Chant d’automne finissant

L’automne s’enfuit, doucement
Glissant vers l’hiver, inéluctable
Les passereaux se sont tus
Les corneilles persistent, résistent
Et même bavardent de plus belle
De cris en cris
De vols en vols
Secouant l’arbre solitaire de leur étrange frénésie
Les terrasses rentrées
Le quartier va vers l’endormissement
À pas feutrés, mais décidés
Les volets se ferment plus tôt
Claquant contre les vents automnaux
Les paroles-même s’amenuisent
Dans la sphère du privé
Les rires se font discrets
Au travers les fenêtres prestement fermées
Parfois dans la rue engourdie
Les places se vident, lentement
Et les bancs inoccupés
Sont balayés de trainées venteuses
De bourrasques rageuses
Les feuilles ocrées raclent le sol de crissements furtifs
La cloche semble teinter quasiment en sourdine
Ses sonneries éparpillées au gré des vents facétieux
La fanfare attends des jours meilleurs
Pour sonner et réveiller les rues
Les pipistrelles volent en silence
Engloutissant les insectes encore remuants
Avant que de s’endormir à leur tour
La fraîcheur s’est installée, sans éclat
Timide pour l’instant
Les réverbèrent accompagnent l’entre chiens et loups
Jetant au sol des flaques jaunies
Sur les dalles de pierre luisantes
Que la pluie percussive tambourine avec vélocité
Je regrette déjà les excès de l’été
Et même ceux, automnaux, de ses attardements indiens
Leur brûlante et sonore insolence
Les halètements sous un soleil trop souvent cuisant
Il me faut accepter que tout baisse d’un ton
Glisse parfois vers un presque silence
Que tout s’apaise enfin
Que l’oreille comme le corps respirent
En aspirant déjà à un prochain réveil
Bruissonnant sans vergogne
Une entame à nouveau bien sonnante
Aux accents volubiles
Mais au cœur de l’hiver, inexorable
Que l’on sent approchant
Je garderai l’oreille alerte
En posture curieuse
Pour la nourrir encore
Du moindre son restant
Si fugace fût-il.

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