Performances (sonores) en mode doux

En France, la performance, dans le travail comme dans le sport, et ailleurs, constitue à être le plus compétitif que possible. Compétition, rentabilité, productibilité, efficacité, une performance nous pousse à être le meilleur que possible, si ce n’est à rechercher la meilleure place, en haut du podium, de l’échelle sociale, train de vie associé…
Dans le secteur artistique, le mot, ou le genre performance, évoque pour beaucoup un acte, souvent corporel, dans des lieux pas forcément dédiés à la création et représentation artistiques, qui tendrait au dépassement (physique), parfois à un body art flirtant avec les extrêmes, les limites…
les perforateurs et performeuses parlent parfois d’art-action, là où le geste, le mouvement, et donc l’action, généralement physique, sont au cœur du processus créatif.
Performer serait donc souvent se dépasser, chercher ses limites (et parfois celles du public).
En anglais, performer – to perform – c’est d’abord et avant tout jouer, interpréter une pièce musicale, théâtrale… même de facture « classique », pas forcément contemporaine.
Ici, le verbe élargit et assouplit le geste, le rend sans doute plus accessible, moins radical, même si des formes de compétition virtuoses sont encore présentes dans le jeu et l’interprétation.
Notre monde ultra libéral recherche sans cesse, vie des performances, la productivité, plaçant cette dernière comme un moteur social et économique au-dessus de tout, hautement performant, avec des rythmes imposés bien (trop) souvent au dépend du bien-être des gens. Cette sacro-sainte performativité/rentabilité/productivité, n’hésite d’ailleurs pas à détruire, en toute connaissance de cause, les écosystèmes dont notre propre existence et survie dépendent.
Pour moi, si j’avais à rechercher des gestes et postures qui se revendiqueraient d’actions performatives, je rechercherais plutôt la lenteur, le silence – la non production sonore – le ralentissement, la sobriété, au risque de passer inaperçu, ou inentendu.
La balade sonore pratiquée dans ces formes de dépouillements, via des dispositifs a minima, la volontaire économie de gestes et de moyens, le fait d’installer l’écoute plutôt que les sons, ne constituent pas pour autant une contre-performance, tant s’en faut.
Il faut parfois trouver des renoncements à ce qui peut nous sembler grisant, la vitesse, la technologie, le spectaculaire, et je dis bien renoncer, se passer de, et non pas appauvrir nos actions, pour que notre performance soit en accord avec nos espoirs, et quelque part nos militances éthiques. Ce n’est pas toujours aussi facile qu’il n’y parait de prime abord.
Dans l’idéal, je tente d’épurer mon projet pour en faire un acte avec une réelle éthique, partageable et efficiente.
Cela m’amène vers une performance sobre, ce qui en soit n’est pas antinomique, mais au contraire peut pousser vers une forme de radicalité, y compris dans des postures d’apaisement, de ralentissement, de non violence.

Voir : Soundwalks with minimal performances

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